Articles

Au pays des canaux

par Christophe L. (CSNB - Brive)

Dans le nord du Hainaut se trouve le pays des canaux et notamment celui qui joint Charleroi à Mons. Entre ces deux villes, Seneffe, une ville industrielle héberge un club d’aviron. Au fond de la zone industrielle C ou D, je ne sais plus (oui bon… ce n’est qu’un détail !), au bout d’une petite route, on trouve un casse de péniches, un mini port de bateaux de plaisance, et enfin le but de mon voyage : un petit bras de canal avec deux pontons en bois bien entretenus, un bateau de sécurité avec un drapeau belge prêt à flotter au vent, et un peu plus loin, un entrepôt avec une bonne quantité de bateaux attaché à un club-house hébergé dans un préfabriqué. Je suis accueillit par un couple de rameurs qui s’adonne à leur sport favoris depuis plus de 20 ans ! puis je rencontre Jean Chrétien, le responsable de la section loisirs qui me propose d’attendre la formation des équipages avant de décider quel bateau prendre.
Deux frères sont les premiers à partir en double, ils rament aussi depuis longtemps ensemble. J’aide un rameur à la nationalité imprécise de mettre son super skiff à l’eau, je n’ai jamais touché un bateau aussi léger ! Jean m’en fait la remarque, j’acquiesce d’admiration.

Un jeune débutant de 15 ans et dont la taille dépasse les 2 m pose ses fesses dans un skiffy d’entraînement… Les deux rameurs qui m’ont accueillit sortent un double. Un quatre de couple se forme avec des débutants. Le froid a découragé les plus jeunes, c’est décidé, je ramerais seul. Jean me donne un coup de main pour transporter un skiff d’entraînement. Il semble gêné et se justifie en me racontant qu’il avait prêté un double à des rameuses confirmées du Canada qu’elles ont cassé à l’occasion d’un virage mal négocié… Je trouve cette attention très touchante, surtout que je n’ai pas la prétention de ramer sur de beaux bateaux (eh cela ne veut pas dire que je n’en aurais pas l’envie parfois !).

t me voilà partit sur le canal pour 9 kilomètres aller et 9 retours. En fait, deux directions sont possible, l’une vers les zones industrielles avec des lignes droites et l’autre vers la campagne avec des courbes plus accentuées. Tous les rameurs ont été invités à prendre la première option. Je constate qu’il n’y a aucune sécu sur l’eau. De toute façon, qui aurait l’idée de tomber à l’eau par ce froid ?! et puis la largeur du canal permettrait de nager jusqu’au bord sans difficulté. En réalité, la sécu suivra les débutants qui ne feront que quelques centaines de mètres. J’étais déjà loin, essayant de poursuivre le skiff ultra-léger, essayant seulement… Une péniche approche, je me serres à gauche. C’est plutôt sympa, ça ne fait pas trop de vague, le canal reste plat (normal, on est bien dans le plat pays non ?). Je me retrouve à ramer seul sur ce canal, quelques bateaux que je n’avais pas vu partir me croisent, des « compets » sans doute. J’ai faillit me prendre de plein fouet des chicanes en bois au deuxième kilomètre, mais qu’est-ce qu’ils font là ??? Le reste du parcours est ponctué par quelques mini virages, des usines chimiques, des routes fréquentées, des chemins de terre avec quelques promeneurs du samedi après-midi, des bouches d’écoulements de liquides bizarres et nauséabonds… Le canal se dédouble, je poursuis tout droit voyant au loin super skiff qui continue dans cette direction. Il n’est plus qu’une tâche noire à au moins 1 kilomètre de distance. Pas question de me décourager, je suis. Je m’éclate vraiment car le canal est très calme, je rame sans force et j’ai l’impression de vitesse vu la proximité du bord. J’ai compté le nombre de ponts dont un autoroute. Bon la prochaine fois, je choisirais le côté campagne pour le côté tourisme ! Je suis déjà comblé par l’eau, c’est déjà très bien.

Tiens, le couple de rameurs et super skiff font demi-tour. Je les rejoins mais déjà ce dernier repars. Quelques gorgées d’eau, et me revoilà reparti en sens inverse. J’arriverais à dépasser le double mais pour le skiff rien à faire. De toute façon, je ne fais pas la course. Je discute un brin avec le double, je les vois donner à manger aux colverts qui ne sont pas farouches. Certains de ces derniers approchent mes avirons en action sans se soucier du danger, surtout avec moi, maladroit que je suis ! A croire qu’ils sont habitués à être nourris par des rameurs.

Traditionnellement, les bateaux sont nettoyés et rangés. Jean me montre un bateau qui a servi à la traversée transatlantique en double et qui resservira sans doute un jour. Les propriétaires, « plus marins que rameurs » ne sont pas loin. Je remarque les dames de nages qui semblent si fragiles face à l’imposante masse du bateau surmontée de panneaux solaires.

Les bateaux sont très bien entretenus. Jean m’indique que le club a participé à la traversée de Paris et à quelques autres sorties en France. Après l’effort, le réconfort : au club-house, j’échappe de justesse à la dégustation d’une bière, mais il me faut me changer et rentrer. Ce sera pour une prochaine fois sans doute.

Merci à Jean pour son accueil chaleureux. Vous savez ce qu’il faut faire… e-mail, gentillesse et savoir-vivre, vous serrez convié sans arrière-pensée, dans la pure tradition de l’amitié entre rameurs, et ici, entre gulois…


Site web du club de Seneffe